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Constats

Le développement durable consiste à répondre au besoin du présent sans compromettre l’avenir. La construction est sans conteste le secteur d’activité qui pèse le plus lourdement sur les évolutions attendues, car les besoins à court terme et à long terme sont immenses. Les impacts – sociaux, économiques et environnementaux – sont à la dimension de ces besoins

Vivre et travailler dans un environnement fiable et sain fait partie des droits fondamentaux. Pour y répondre, les besoins actuels en logements, en équipements et en infrastructures sont considérables. Par ailleurs, les bâtiments existants nécessitent des rénovations lourdes.

Le secteur est, selon la Global ABC, responsable de quelques 40 % des émissions de gaz à effet de serre mondiaux en lien avec l’énergie. C’est aussi le principal consommateur de matières premières minérales et ses impacts sur la biodiversité sont difficilement mesurables. De plus, les perspectives – notamment démographiques – laissent entendre que ces besoins vont continuer à croître de façon exponentielle dans les prochaines décennies.

Par ailleurs, la Cool Coalition souligne que « près d’un tiers de la population mondiale est confrontée à des températures dangereuses […] Rester au frais est un enjeu de santé et de productivité. Nous devons […] protéger les populations des chaleurs extrêmes, préserver la fraîcheur des aliments, stabiliser les vaccins, et bien plus encore. ». Les bâtiments sont l’élément clé pour faire face et ils doivent s’adapter à l’évolution rapide de la situation climatique.

Quelques chiffres

  • Le monde de la construction est le plus gros utilisateur de matières premières dans le monde et les volumes de matières minérales utilisées pour la construction sont plus de deux fois supérieures à ceux consommés pour la production d’énergie. Mais surtout, depuis un siècle, l’extraction des matériaux de construction a été multipliée par 34 alors que celle des énergies fossiles a été multipliée par 12.
  • Le béton, matériau emblématique du BTP, est, après l’eau, la matière la plus consommée dans le monde.
  • La seule production de ciment, constituant essentiel du béton, émet 5 à 7 % des gaz à effet de serre (GES) produits dans le monde et sa production est en augmentation exponentielle.
  • Le sable, deuxième constituant du béton, est la 2ᵉ matière minérale extraite. 75 à 90 % des plages reculent et l’extraction progresse très rapidement, perturbant les équilibres environnementaux et socio-économiques. La pénurie de sable est clairement annoncée au même titre que celle des énergies fossiles.
  • En France, l’expérimentation E+C- a démontré que  75 % de l’impact gaz à effet de serre (GES) d’un bâtiment viennent de sa phase construction (choix des matériaux, provenance, transport, ). C’est donc le principal impact. L’usage de matériaux biosourcés, locaux, recyclés, réemployés présentent des avantages environnementaux indéniables, jusqu’à 30 % de gain sur la phase construction.
  • Selon les estimations récentes (ONU et INED), la population mondiale doit passer de 7,2 Mds d’habitants à 9,6 Mds en 2050 et à 11 Mds en 2100. Pour répondre à cette croissance, la construction de logements et d’équipements devra augmenter en proportion, entraînant une croissance des besoins en matériaux de construction.
  • De plus, aujourd’hui, 1 habitant de la planète sur 7 vit dans un bidonville. Selon ONU Habitat, en 2030, il faudra en compter 1 sur 5, soit l’équivalent de la population actuelle de la Chine.
  • Toujours selon ONU Habitat, en Afrique, il faut construire 100 000 logements par jours (Vincent Kitio, Forum MICD-AO, Dakar, mai 2024

Solutions et perspectives

Pour que le secteur du bâtiment puisse assurer durablement une amélioration des conditions de vie d’une population mondiale en pleine expansion, il faut recourir autant à des solutions techniques qu’à des évolutions structurelles, et à de nouvelles formes d’économie.

Il s’agit, bien sûr premier lieu, d’urbanisme à l’échelle des territoires et d’architecture dans ses attributions les plus larges. Mais ceux-ci doivent pouvoir s’appuyer sur des propositions innovantes permettant de construire et de rénover « durable ».

Ces solutions, qui interfèrent et se complémentent, se développent en intégrant les spécificités du monde du bâtiment et ouvrent des perspectives ambitieuses dans différentes directions telles que :

  • La bio-économie – et la production de matériaux de construction biosourcés – est une réponse vertueuse aux appétits insatiables du secteur d’activité le plus gourmand en matière première. Mais elle permet aussi de stocker durablement du carbone (construction « zéro carbone ») et d’améliorer sensiblement le confort et les performances énergétiques des constructions.
  • L’économie circulaire est sans doute la deuxième réponse aux besoins en matériaux de construction. En s’attachant autant à la réutilisation qu’au recyclage des matériaux issus de la déconstruction, elle est également la solution qui permettra de diminuer le volume de déchet dont le secteur détient aussi le record.
  • La numérisation des bâtiments qui vise une approche globale telle qu’elle n’a pas pu être envisagée jusqu’à maintenant. Elle permettra une maitrise de tous les paramètres, depuis la conception jusqu’aux phases post-déconstruction et une optimisation de l’ensemble des impacts.
  • L’écologie industrielle et territoriale et le développement des filières locales offrent des approches innovantes de gestion des territoires, une optimisation des flux et limitation des impacts.
  • L’économie sociale et solidaire, dont les acteurs représentent un potentiel important d’innovation et de moyens, qu’il s’agisse de services rendus ou d’emplois, dans un secteur particulièrement sensible.

Le monde du bâtiment n’a pas fini de vous étonner.